Alors que la crise sanitaire se fait toujours ressentir, des nouvelles nous parviennent de Ségou.
Au 16 juin 2020, on dénombre 21 cas avérés de contamination au Covid-19 à Ségou, et 2 décès liés à ce virus.
Cependant, d’après notre chargé de missions sur place, Boubacar Keïta, la solution est plus complexe qu’il n’y paraît :
« La situation du COVID à Ségou est méconnue. Les gens désertent les centres de santé parce qu’ils craignent d’être soupçonnés de COVİD. Aux dires de certains, il y a de nombreux cas non déclarés. Il y a eu deux décès confirmés. Nous venons de perdre notre gouverneur suite à une courte maladie et ses proches disent officieusement qu’il est mort de COVİD. Moins de 50 % de la population se protège de façon minimum. »
En mai dernier Boubacar nous faisait déjà part de ses inquiétudes quant à la situation au Mali :
« De l’avis général la pandémie du Covid-19 n’est pas du tout bien gérée. Il y a deux poids deux mesures disent les gens. D’un côté, les regroupements sont interdits, les bars, restaurants, et hôtels étaient fermés. L’évêque de Bamako a fermé tous les cultes religieux chrétiens sur l’ensemble du territoire, il y avait le couvre- feu aussi. De l’autre côté, le haut conseil islamique et les mosquées ont continué leurs activités. Seuls quelques imams éclairés et responsables ont fermé leur mosquée de leur propre initiative. La confiance dès lors entre populations et gouvernants s’est effritée. Il y a eu crise et cette crise a atteint son paroxysme quand des jeunes de toutes les villes du Mali sont sortis pour braver les forces de police.
Les impacts économiques vont de pair avec les impacts sanitaires. Qui dit impacts sanitaires parle forcément d’impacts monétaires et donc économiques. Les activités étaient partout au ralenti et pour certaines corporations comme les boulangers, des unités de productions, les bars, restaurants, et autres, elles étaient presque aux arrêts durant des heures de la journée, sans contrepartie de la part de l’État. A la crise sanitaire, s’est greffée la crise économique. Les populations souffrent énormément, atrocement et le pays est au bord de l’implosion. Partout on sent une crise nerveuse et collective. Les gens sont sans ressources et sans moyens. »